Souvent, on entend les managers se poser la question de l’engagement de leurs équipes : comment les motiver ? comment faire en sorte qu’ils soient impliqués, qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes ? pourquoi s’efforcer de leur donner le sens de leur travail ne suffit-il pas ? Le sens comme antidote à la démotivation est devenu un lieu commun, au point qu’on en oublie qu’il n’est qu’un des ingrédients qui nourrissent l’engagement. Nous sommes dans un monde volatile, incertain, complexe et ambigu.
Pour se sentir moins isolé, perdu, effrayé par ce tourbillon dans lequel chacun essaie de trouver sa place, un réflexe consiste à créer du lien avec les autres.
L’entreprise moderne constituant elle-même, à son échelle, un monde tout aussi turbulent, les employés aspirent à y trouver davantage de sociabilisation. Pour citer André Comte-Sponville, « les salariés ne travaillent pas par amour du travail, de l’entreprise ou du patron. Ils travaillent par amour d’eux-mêmes et de leurs gosses. Ils travaillent pour être heureux ». Ceci passe notamment par des moments de plus grande qualité, des échanges avec les collègues avec lesquels nous passons l’essentiel de notre temps.
Nous sommes pourtant contre l’idéologie naissante du « Chief Happiness Officer », car à nos yeux le bonheur résulte de la qualité du travail réalisé, des relations avec les collègues et du sentiment d’accomplissement, lequel permettra aux individus d’être plus heureux. Il est donc illusoire de vouloir imposer le bonheur à ses collaborateurs en le décrétant par une fonction. Ce bonheur peut en revanche être grandement influencé par les actions que l’entreprise met en place afin de créer un terreau favorable à l’expression de leur créativité et à des relations plus harmonieuses. Il s’agit donc d’inventer de nouvelles fonctions, de confier à certaines personnes identifiées dans l’organisation le soin de développer et diffuser une culture de la bienveillance.
La clé de ce sentiment de qualité des moments passés en entreprise tient donc à la confiance que l’on a dans les membres de son équipe, au sentiment de sécurité émotionnelle que l’on peut éprouver dans notre quotidien professionnel, et à l’énergie et à la coopération qui en découlent. Pour atteindre cet état, pour créer cette ambiance favorable, l’expression de chaque point de vue est l’une des clés. La parole doit être libre et vraie afin que chacun puisse se sentir valorisé et apprécié. Tout mensonge détruit la confiance.